Ecole Shingon

Etude

Ecole Shingon

L’École Shingon est considérée au Japon comme le véhicule tantrique le plus élevé et le plus pur qui soit. C’est une école Mahayana, mais c’est aussi une forme de bouddhisme ésotérique / tantrique ainsi que la seule école Vajrayana (littéralement “Véhicule de Diamant”, associée au Bouddhisme Tibétain, mais basée sur la philosophie du Mahayana et le plus souvent comprise comme une extension de cette dernière) vivante en dehors du Bouddhisme Tibétain. 

Une Origine Indo-Chinoise

Le bouddhisme tantrique est né en Inde. Le Tantra a atteint le Tibet pour la première fois au 8ème siècle. Des maîtres tantriques de l’Inde enseignaient également en Chine au 8ème siècle, créant une école appelée Mi-tsung, ou “école des secrets”. On l’appelait ainsi parce que beaucoup de ses enseignements n’étaient pas écrits et ne pouvaient être reçus que directement de la bouche d’un enseignant à l’oreille d’un étudiant: ainsi, l’enseignement est considéré comme une tentative d’atteindre la sagesse éternelle du Bouddha qui n’a pas été exprimée en mots (et qui, par conséquent, n’existe pas dans l’enseignement public que le Bouddha a réalisé en son temps). Les fondements doctrinaux de Mi-tsung sont exposés dans deux sûtra, le Mahâvairocana Sûtra et le Vajrasekhara Sûtra, tous deux probablement écrits au 7ème siècle.

En 804, un moine japonais nommé Kūkai1Que l’on connait également sous le nom posthume de Kōbō Daishi (774-835) accompagna une délégation diplomatique qui partit pour la Chine. Dans la capitale de la dynastie Tang, il rencontra le célèbre professeur Mi-tsung Hui-Guo (746-805). Ce dernier, impressionné par son étudiant étranger, l’initia personnellement aux nombreux niveaux de la tradition ésotérique du bouddhisme chinois appelé Zhenyan. 

L’Enseignement Syncrétique de Kūkai

Kūkai rassembla et systématisa la base théorique du Shingon à travers un certain nombre de textes, y compris une trilogie intitulée :

→ “Les Principes pour atteindre l’Illumination dans cette Existence”2Traduit également par “La Doctrine de Devenir un Bouddha avec son Corps pendant son Existence Terrestre” (Sokushin-jōbutsugi),

→ “Les Principes (ou La Signification) du Son, du Mot (ou du Sens) et de la Réalité” (Shoji Jisso Gi ),

→ “Les Principes de la Syllabe Mantrique” (Unji Gi ).

Le génie de Kūkai / Kōbō Daishi réside dans l’appropriation des idées philosophiques de la version chinoise de la doctrine pour sa propre vision du monde, qui est exposée dans sa théorie des “Dix Etapes de la Conscience” (Jūjū shinron). Ce programme classait non seulement toutes les grandes écoles bouddhistes en fonction de ce qu’il considérait comme leur degré de perspicacité, mais incluait également l’hindouisme, le confucianisme et le taoïsme. L’école Shingon a adopté une attitude conciliante envers le Shintō et a fourni la base théorique d’un rapport avec Ryōbu (“Deux Aspects”) Shintō, une fusion shintō-bouddhiste. 

L’École Shingon est aujourd’hui subdivisée en plusieurs “styles”, dont la plupart sont associés à un temple ou une lignée d’enseignants en particulier. Shingon reste l’une des écoles les plus importantes du bouddhisme japonais, bien qu’elle soit moins connue en Occident.

Pratiques de l’École Shingon

Le bouddhisme tantrique est un moyen de réaliser l’illumination en faisant l’expérience de soi-même en tant qu’être illuminé. L’expérience est rendue possible grâce à des pratiques ésotériques impliquant la méditation, la visualisation, le chant et le rituel. Au sein du Shingon, les pratiques engagent le corps, la parole et l’esprit pour aider l’élève à faire l’expérience de sa nature (innée) de Bouddha.

L’École Shingon enseigne que la pure vérité ne peut être exprimée en mots mais uniquement à travers l’art et la pratique. Les mandalas – “cartes” sacrées du cosmos – sont particulièrement importants, dont deux en particulier.
L’un est le Vajradhatu, ou Mandala du Diamant, qui représente les Cinq Bouddhas Dhyani, avec Vairocana au centre. Ce mandala représente la sagesse de Vairocana et la réalisation de l’illumination. Kūkai a enseigné que Vairocana émane toute la réalité de son propre être, et que la nature elle-même est une expression de l’enseignement de Vairocana dans le monde.
L’autre mandala est le Garbhadhatu, ou Mandala de la Matrice, représente la matrice d’existence à partir de laquelle tous les phénomènes se manifestent. Vairocana, le Bouddha universel, est assis au centre sur un trône de lotus rouge. 

A gauche, le Mandala du Diamant / A droite, le Mandala de la Matrice

Le rituel d’initiation pour un nouveau pratiquant consiste à laisser tomber une fleur sur le mandala vajradhatu. La position de la fleur sur le mandala indique quel bouddha ou bodhisattva transcendant donne du pouvoir à l’étudiant. Grâce à des rituels engageant le corps, la parole et l’esprit, l’élève visualise et se connecte à son être illuminé et habilitant, expérimentant finalement l’être illuminé comme lui-même.

Vous trouverez d’autres détails importants concernant la pratique rituelle de l’École Shingon dans l’article Bouddhisme Esotérique Mikkyō”, notamment la pratique et l’étude des trois mystères (sammitsu ou sanhimitsu 三密 )

Textes Fondateurs de l’École Shingon

L’École Shingon repose avant tout sur les enseignements contenus dans les sûtra Dainichi-kyō 大日經 (skt. Mahâvairocana sûtra, le “Discours du Grand Illuminateur”) et Kongōchō-gyō 金剛頂経 (skt. Sarvatathâgatatattvasamgraha sûtra). Selon le Mahâvairocana sûtra, l’univers entier est conçu pour être le corps du Bouddha Vairochana (le “Grand Illuminateur”). Il possède deux aspects, connus sous les nom de kongō-kai (“Monde du Diamant”) et taizō-kai (“Monde de l’Utérus”), chacun ayant sa représentation caractéristique dans le mandala, le diagramme rituel souvent peint sur l’autel de Shingon. L’entrée dans le mandala s’appelle kanjō (skt. abhishekha), une cérémonie d’initiation consistant à asperger d’eau.

“Dix Etapes de la Conscience” (Jūjū shinron)

→ la première étape du développement spirituel humain est celle dans laquelle les humains sont contrôlés par leurs instincts.

→ la deuxième étape, que Kūkai identifie avec les enseignements confucéens, les êtres humains tentent de vivre une existence morale appropriée.

→ la troisième étape, dans laquelle l’individu s’efforce d’obtenir des pouvoirs surnaturels et des récompenses célestes, est celle du brahmanisme et du taoïsme.

→ les quatrième et cinquième étapes du développement spirituel sont enseignées par les écoles du Hinayana et se caractérisent par la recherche de l’auto-illumination.

→ les étapes six à neuf, identifiées avec les enseignements mahayanistes de de différentes écoles dont l’Ecole Tendai, conduisent l’individu à la compassion pour les autres.

→ le zénith du développement spirituel est identifié par Kūkai par les enseignements ésotériques de Shingon.

Positionnement de l’École Shingon

L’École Shingon affirme que sa doctrine est la plus pure parce qu’elle n’est pas basée sur les enseignements du Bouddha historique, Shakyamuni (qui a exposé sa doctrine en gardant à l’esprit les limites de son auditoire), mais sur les enseignements intemporels et immuables du Bouddha de son dharmakaya, ou corps cosmique. Ce bouddha, nommé Mahâvairocana, a été ressenti comme étant au-delà de tout dualisme et de toute impureté terrestres, mais au même instant, à l’intérieur de toutes choses que leur nature de bouddha.

L’ésotérisme du bouddhisme Shingon s’appelle Tomitsu 東密

Aymeric.G

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