Être Co-Créateur de sa Vie

Développement Personnel

Être Co-Créateur de sa Vie

Une philosophie new-âge à deux visages

En tant que thérapeute, je circule dans de nombreux cercles spirituels qui épousent (parfois trop et tombent dans le prosélytisme !) l’importance de la pensée positive et son pouvoir créateur quant à notre réalité et à la manifestation de l’avenir. Des œuvres comme Le Secret vous révèlent avec enthousiasme que vous êtes en contrôle total de votre vie et qu’en choisissant judicieusement vos pensées et en visualisant les élans de votre cœur, vous êtes aux commandes du destin, de la fortune et de tout ce qui vient à votre rencontre. Youpiiiii !

De prime abord, cette philosophie new-âge peut paraître inoffensive, voire même carrément constructive, en donnant aux individus le pouvoir de se fixer des objectifs et à assumer la responsabilité de leur bonheur. Certes, je suis le premier à encourager l’Homme à être pro-acteur de sa vie. Je suis également le premier à tenter (au mieux !) de le pratiquer et je crois au pouvoir de clarifier l’intention et de visualiser ses aspirations. Seule ombre au tableau : l’affirmation selon laquelle tout ce qui nous arrive est le produit de notre propre fait, de notre propre pensée.

Vous n’êtes pas responsable de la tête que vous avez, mais vous êtes responsable de la tête que vous faites 

Une partie de mon activité en tant que thérapeute consiste à inculquer au consultant qu’il / elle possède sa propre capacité d’action, son propre potentiel ; mais également à l’aider à s’adapter lorsque la Vie ne se déroule pas comme prévu, comprendre comment réagir (avec sérénité, équanimité,..ou pas !) lorsque la Vie nous fait vivre (pour quelque raison que ce soit !) un traumatisme, une tragédie ou une injustice.

Parce que quoique nous fassions, quoi que nous pensions, quoique nous espérions, la Vie nous apporte et nous apportera toujours son lot de tragédie de douleurs et de traumatismes : nos proches tombent malades, les relations amoureuses prennent fin, les économies flambent… Tous ces événements peuvent nous paraître injustes, voire très humiliants. En effet, qui oserait prétendre, sans rougir, que tout ce qui arrive de négatif est le résultat de sa réflexion ? Pernicieusement, c’est une façon déviée de blâmer la victime (“Elle / Il n’avait qu’a faire attention à ses pensées !” ). Pire encore : non seulement on culpabilise la souffrance, mais on empêche les autres d’accéder à une véritable compassion pour les souffrances d’autrui (ben oui, c’est de sa faute !) !

Être vulnérable, c’est être humain 

La vérité est qu’être humain, c’est avoir la mémoire courte (on oublie très vite tout le bien qui nous est arrivé pour nous focaliser uniquement sur le mauvais) et c’est être vulnérable. Et un sens pleinement assimilé et intégré du pouvoir personnel ne nie pas notre vulnérabilité, mais au contraire, le reconnaît, l’embrasse même, car c’est cette vulnérabilité qui rend la vie précieuse et nous relie à l’humanité dans son ensemble. Dans un précédent billet je vous avais parlé de la prière de la sérénité : elle est pertinente non seulement pour celles & ceux qui remontent la pente, mais également pour nous tous qui nous frayons un chemin à travers le labyrinthe de nos vies. Utilisez-là si elle vous fait du bien !

Si vous pensez que vous contrôlez tout ce qui vous arrive, vous délirez. Et si vous pensez que vous êtes juste une victime de votre vie, vous délirez également. La vie est une danse entre les deux ~ Alan Watt

Sans le vinaigre, le miel ne serait pas le miel 

Carl Jung a travaillé sur le principe de fonctionnement de la psyché, à commencer par le principe des contraires : chaque souhait suggère immédiatement son contraire. Si j’ai une belle pensée, par exemple, je ne peux m’empêcher d’avoir quelque part la vilaine pensée inverse ! En fait, c’est un concept très basique: pour avoir un concept de bien, il faut avoir un concept de mal, tout comme le bas n’existe pas sans le haut ou le noir sans le blanc.. C’est la base du Tao !
Je crois que l’une des raisons de la popularité des œuvres comme “Le Secret”, tout comme les innombrables opus littéraires d’auto-assistance new-âge qui évangélisent la toute-puissance de l’être humain, est qu’ils reflètent la dépendance de notre culture moderne à une pensée dichotomique (que nos politiciens encouragent bien !): notre culture fait que nous voulons (à un niveau national & individuel) des ennemis définis, des réponses claires et une invincibilité totale.

Et si nous infléchissions notre pensée et acceptions le fait qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes capables de façonner la vie que nous souhaitons, tout en étant soumis aux frondes et aux flèches d’une fortune aléatoire et scandaleuse (vous savez, la Vie qui conspire contre vous..) ?… Existe-t-il une “voie du milieu” à emprunter, qui nous éviterait d’attraper la grosse tête (avec l’idée que notre “pensée magique” nous permet de contrôler la réalité), tout en évitant la victimisation (parce que tôt ou tard, quelque chose de non désiré va arriver !) et la dépression ?
Peut être pouvons nous simplement nous voir comme des modestes co-créateurs terrestres, aux côtés de l’Univers..des collaborateurs de la Vie dont nous faisons intégralement partie !

Aymeric.G

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