Qui Suis-Je ?
Vous êtes-vous déjà demandé: “Qui suis-je vraiment?”. Suis-je un oncle, un compagnon, un ami, un thérapeute, un passager ou un patient ? La vérité est que vous êtes un oncle parce que vous avez des nièces. Vous êtes un compagnon parce que vous avez une compagne. Un passager parce que vous êtes dans un train. Etc. Ainsi, toutes nos identités, tout ce que l’on croit être, dépend toujours de quelque chose d’autre.
En ne connaissant pas la réponse à la question “Qui suis-je?”, on continue à se créer de nouvelles identités, en s’éloignant par conséquent de notre véritable Soi. Toutes les souffrances dans la vie sont dues au fait de ne pas connaître notre véritable identité. Jusqu’à ce que nous réalisions notre vrai Soi, nous croyons être le nom qui nous a été donné, le diplôme que nous avons décroché, l’emploi que nous occupons.
Donc, qui êtes-vous ? En réalité, vous êtes une âme éternelle, drapée depuis des éons sous un voile d’ignorance. Pour cette raison, vous avez été incapables de faire l’expérience de votre vrai Soi.
Pour de nombreuses personnes qui traversent une crise ou une transition, ce peut être une opportunité, un tournant pour entamer une exploration intérieure. C’est dans ces moments-là que l’ego est plus faible et que nous sommes le plus ouverts aux expériences dont nous nous serions normalement coupés. Certaines personnes peuvent tenter de combler l’espace de vide qu’elles ressentent intérieurement, en s’engageant dans des substituts extérieurs qui promettent un accomplissement. Les enseignements de maîtres spirituels nous disent que notre peine est provoquée par le sentiment d’être coupé de/du Soi, notre nature profonde et divine. Il serait donc sage de nous engager dans la recherche spirituelle dans ces moments là, pour éviter un cycle de douleur et de déception.
La question “Qui suis-je?” peut prendre plusieurs formes. C’est d’abord découvrir qui nous sommes vraiment. Il peut s’agir d’une contemplation, telle qu’enseignée par le maître spirituel Ramana Maharshi, mais parfois – en conscience – cela peut prendre la forme d’une expression créatrice où l’esprit est calme et où le Soi, notre vraie nature, est autorisée à occuper une place centrale. C’est ensuite lorsque nous expérimentons un plus grand aspect de nous-même au-delà de nos pensées et de nos sentiments, où nous nous sentons connectés à un noyau central, une source d’énergie. Poètes, danseurs, potiers, peintres, écrivains, jardiniers, guérisseurs et beaucoup d’autres personnes décrivent cette expérience comme une présence intemporelle, pleine de bonheur, de liberté et de savoir. C’est l’état que nous atteignons lorsque nous calmons consciemment l’esprit dans des pratiques volontaires telles que la méditation et le chant. Par exemple, la méditation améliore et renforce les pratiques de contemplation du Soi, par un questionnement direct ou par une expression créatrice.
“Qui suis je ?” C’est la question qui s’est imposée après une expérience transcendante lors d’une méditation printanière. Au cours de cette séance, je me suis retrouvé dans un bassin calme, profond, sombre et velouté, qui me semblait nourrissant, vivant et palpitant. Ce bassin n’était pas en dehors de moi, c’était moi et j’en faisais partie. En sortant de ma méditation, j’ai observé les feuilles des arbres environnants : elles brillaient également d’une lumière scintillante et le sentiment de bonheur que je ressentais était une extension de la lumière irisée qui envahissait l’espace tout autour de moi. Mon esprit était absolument immobile ; il ne commentait plus. J’ai alors compris que la vie est ainsi, naturellement.
Mon expérience est semblable à celle de beaucoup de personnes, dont l’énergie spirituelle a été (r)éveillée par contact avec un catalyseur. Ce dernier peut être un enseignant spirituel – dont l’énergie spirituelle coule à haute fréquence – ou un centre énergétique terrestre particulier. Certaines personnes prétendent également avoir vécu cela à l’état de rêve. Personnellement ce fut la méditation, dans la vallée de la Dourbies ou j’organise des ateliers nature autour de la méditation, et de la sylvothérapie..
Quel est donc cet état de grâce dont nous avons parfois la chance d’avoir un aperçu ? Les enseignements orientaux décrivent cet état comme étant le Soi, l’énergie omniprésente qui contient tous les phénomènes et qui prend toutes les formes, ce flux se manifestant à travers notre être et tout ce que nous pouvons ressentir. La contemplation de la question “Qui suis-je ?” était l’une des pratiques que Ramana Maharshi donnait à ses étudiants pour réaliser le Soi. Il enseignait qu’enquêter sur soi n’est pas un simple questionnement mental. Cela implique une activité intense de tout l’esprit pour le maintenir en équilibre dans une conscience de Soi pure. Ce n’est pas le “Je” cherchant le “Moi” ; cela révèle simplement que ni l’ego ni l’esprit n’existent vraiment. Il enseignait que si vous pratiquez l’auto-évaluation, vous atteindrez le cœur spirituel qui est le Soi : “Vous imposez des limites à votre véritable nature d’être infini, puis vous vous désolez de n’être qu’une créature limitée, ensuite vous mettez en œuvre des pratiques spirituelles pour transcender ces limites inexistantes. Mais si votre pratique même implique l’existence de ces limites, comment pourraient-elles vous permettre de les transcender ? Le bonheur n’est pas ajouté à votre nature, il est simplement révélé comme étant votre état véritable et naturel, éternel et impérissable. Le seul moyen de vous débarrasser de votre chagrin est de connaître et d’être le Soi. Comment cela peut-il être inaccessible ?”
L’expérience de l’unité ou du Soi que l’initié reçoit au début de son voyage est un stimuli pour le pousser à faire sienne cette expérience. Mais il est nécessaire de persévérer dans cette voie si l’on souhaite continuer à se découvrir. Or, beaucoup décrochent car pris(es) dans la frénésie de nos modes de vie occidentaux. Quelques mois après cette première expérience transcendante, je conservais encore ce sentiment de bonheur intérieur. Bien qu’il y ait eu de belles méditations depuis, je n’ai jamais retrouvé la même intensité que la première fois. C’est mon “ridding the dragon” personnel, mais qui ne tourne jamais à l’obsession: au fil des années de pratique assidue, l’expérience de la méditation s’est faite dans ma vie quotidienne. Mon esprit est généralement calme et lorsque des situations pouvant être dérangeantes se présentent, je suis désormais capable d’une non-réaction beaucoup plus efficace que d’être à la merci de toute émotion qui menace de contrôler mes pensées et mes sentiments.
Le voyage spirituel est une expérience de toute une vie, mais une fois qu’il est consciemment engagé, nous devenons beaucoup plus conscients et libres de choisir le mode de fonctionnement de notre esprit. Lorsque nous nous identifions au Soi, nous pouvons naviguer avec résolution et sagesse dans les invariables écueils de la vie. La douleur et la souffrance seront toujours présentes, c’est une condition humaine à accueillir, l’impermanence de cette vie à comprendre. Nous connaîtrons la perte, la maladie et la mort. Mais avec l’expérience de notre Vérité, nous découvrons que nous ne sommes pas nos pensées, nos émotions et nos sentiments qui traversent notre vie. Nous pouvons choisir de nous identifier à notre source intérieure de paix, de stabilité et de joie, peu importe l’agitation extérieure.
Joseph Campbell dans son livre, “Le Héros aux mille et un visages“, décrit le voyage spirituel – ou le voyage du héros – de la manière suivante: “Cette action accomplie, la vie ne souffre plus désespérément des terribles mutilations d’un désastre omniprésent, meurtri par le temps, hideux dans l’espace ; mais avec son horreur encore visible, ses cris d’angoisse encore tumultueux, il est pénétré par un amour qui souffre tout, qui se maintient, et une connaissance de son propre pouvoir invaincu. Quelque chose de la lumière qui flambe, invisible dans les abîmes de sa matérialité normalement opaque, éclate, avec un tumulte croissant. Les terribles mutilations ne sont alors vues que comme l’ombre d’une éternité immanente et impérissable ; le temps cède à la gloire ; et le monde chante avec la prodigieuse musique angélique – mais peut-être finalement monotone – des sirènes des sphères. Comme les familles heureuses, les mythes et les mondes rachetés se ressemblent.”